Cours Un récit d’aventures : Les derniers géants, de François Place

Première et quatrième de couverture

La première de couverture nous renseigne et nous permet de faire des hypothèses sur l’histoire.
On y voit un géant et un homme, au milieu des montagnes. Sur le corps du géant, on peut voir des tatouages dont on ne connaît pas encore la signification. L’homme porte un chapeau haut de forme. On peut donc imaginer que l’homme et le géant vont se rencontrer.

Par ailleurs, le titre parle de géants au pluriel. On sait donc qu’il n’y aura pas que le géant de la couverture.

Mais on se pose beaucoup de questions : qui sont ces derniers géants ? Pourquoi sont-ils « les derniers » ? Où cette histoire se passe-t-elle ? Que va-t-il s’y passer ?

Sur la quatrième de couverture, on trouve un court texte qui résume le début de l’histoire, et qui reste mystérieux. On sait juste qu’il va être question d’une dent de géant. Mais ces simples renseignements nous font tout de suite entrer dans un monde merveilleux, c’est-à-dire magique, un peu comme dans un rêve.

La construction d’un récit

Avant d’aller plus loin, il est important de comprendre comment est construit un récit d’aventures. Il doit toujours toujours suivre un déroulement avec des étapes précises : c’est ce qu’on appelle le schéma narratif.

Le schéma narratif :

• La situation initiale (ou incipit)

C’est avec elle que le lecteur entre dans l’histoire. Ici, elle est très courte : le narrateur se promène sur les docks, c’est-à-dire sur les quais où l’on décharge les navires. À ce moment-là de l’histoire, tout est calme et normal.

On y découvre des personnages et surtout le narrateur (celui qui raconte l’histoire). Ici, il parle à la première personne. Il est donc le personnage principal de l’histoire, le héros.

• L’élément déclencheur

C’est celui qui fait entrer une situation perturbante, imprévue, dans l’histoire. Ici, c’est l’achat de la dent de géant à un vieux matelot. C’est là que l’histoire commence. Le narrateur n’est pas sûr que ce soit une dent de géant (peut-être une supercherie, c’est-à-dire une tromperie). Mais il l’achète car il trouve que « l’histoire est belle ». On commence à entrer dans un récit mystérieux, un peu magique car on sait bien que les géants n’existent pas ! Le personnage va forcément réagir face à cette nouveauté : il va étudier les gravures sur la dent pendant des mois jusqu’à la découverte du dessin d’une carte.

• Les péripéties

Ce sont les aventures du héros mais aussi ses actions, ses pensées pendant ce temps du récit. Ici, c’est le voyage du héros avec tous les dangers et les difficultés qu’il traverse, puis son arrivée chez les géants, sa vie avec eux, son amitié pour eux puis son retour.

• Le dénouement

C’est la fin de l’aventure, le résultat. Le héros a-t-il trouvé une solution pour revenir à une situation équilibrée ? Le dénouement peut être heureux (la situation redevient comme avant ou même meilleure) ou malheureux. Ici le dénouement est très malheureux. À cause de lui, les géants ont été tués par des gens qui voulaient s’enrichir et le narrateur se sent coupable et triste. C’est à cause de son orgueil que c’est arrivé et il ne peut pas revenir en arrière pour éviter cela.

• La situation finale

C’est avec elle que se termine l’histoire. Elle peut être un retour à la situation initiale ou alors déboucher sur une situation tout à fait nouvelle. Ici le héros a complètement changé de vie. Mais dans tous les cas, on revient à une situation stable et équilibrée.

Le début de l’histoire

Dès le début, avec ce mot de « géant » dont la dent porte des « gravures étranges » et qui est comme une « sorte de talisman » (quelque chose qui protège du malheur) on sent que cette histoire va faire entrer le lecteur dans un monde différent.
Pendant des mois, le héros observe attentivement cette « dent de géant », semblable à celle d’un homme, à part sa taille. Il trouve une carte minuscule sur la dent et comprend que celle-ci vient d’une région près du fleuve noir, en Birmanie. Pourquoi cette carte est-elle dessinée sur la dent ? Quel est le message que le héros doit comprendre ? Le mystère grandit.

Un peu plus loin dans le récit, on en apprend un peu plus sur le héros de cette histoire : il s’appelle Leopold Ruthmore, il vit dans le Sussex, en Angleterre, et son voyage commence en 1849. Il a une gouvernante, c’est-à-dire une femme qu’il emploie pour s’occuper de sa maison, un cabinet de travail et il est curieux : il est peut-être chercheur, ou scientifique. Cela explique pourquoi la carte sur la dent éveille sa curiosité et son envie de partir à la découverte de ce qu’elle cache.
Il décide donc de partir à la recherche du pays des géants. Il embarque à son tour sur un voilier de la Compagnie des Indes. Ces bateaux faisaient du commerce dans l’océan Indien.
À cette époque, les longs voyages étaient de grandes aventures. Mais cette aventure-ci va se révéler très spéciale.

Une aventure extraordinaire

Assez vite après leur arrivée en Birmanie, la nature commence à se montrer hostile, comme si elle voulait faire peur à Archibald et ses compagnons. Les falaises, le fleuve et la forêt deviennent menaçants et tellement dangereux que deux hommes meurent. Le narrateur décrit un paysage sinistre, un peu comme dans les contes.

Après de longs mois d’un voyage éprouvant, Archibald se retrouve seul dans la jungle. Ses compagnons de route ont été tués par les Wa, une tribu de coupeurs de têtes. Il continue donc seul vers le nord. Alors que tout semble perdu à cause de la fatigue, de la faim et du froid, un brusque changement se fait et la nature semble devenir amicale. C’est la lumière qui, comme si elle était une personne, lui montre alors le chemin pour le pays des géants.

Au pays des géants

Archibald est donc enfin arrivé au pays des géants, mais il se passe encore un mois avant qu’il les rencontre. Lorsqu’il les voit enfin c’est en se réveillant d’un sommeil profond et il a l’impression de rêver et de vivre une hallucination. On ne sait plus vraiment si on est dans la réalité ou dans un autre monde.

Archibald découvre les géants. Leur langue est une musique dont chaque phrase est associée à une constellations d’étoiles. À partir de ce moment, on est complètement plongé dans le merveilleux. Plus rien ne ressemble à la réalité que nous connaissons.

Ils sont neuf, tous tatoués partout sur le corps avec différentes sortes de lignes. Même leurs langues et leurs dents sont couvertes de dessins, exactement comme la dent qu’Archibald avait achetée au vieux matelot. Archibald est fasciné et essaie de comprendre ce que représentent ces tatouages.

Sur le dos du géant Antala, Archibald remarque neuf silhouettes, probablement celles des neuf géants. Mais soudain, il se passe quelque chose d’encore plus extraordinaire que tout ce qu’il a pu vivre jusque là. Une petite silhouette portant un haut-de-forme se dessine peu à peu au milieu des neuf autres silhouettes. C’est la représentation d’Archibald. Ce dernier comprend alors que ces images magiques qui apparaissent, c’est le langage de la peau des géants.

Les géants ressemblent à des humains mais ils ne font rien comme eux. Ils ne mangent presque jamais et lorsqu’ils le font, ils se nourrissent de plantes, de terre ou de rochers. Ils portent des « manteaux tissés de plantes, de mousse et d’écorces de toutes sortes ». Et surtout, ils dorment par périodes. Leur temps de sommeil est de deux cents ans tandis que leurs périodes de réveil ne dépassent pas trois ans.

Archibald reste dix mois parmi les géants, à étudier leur culture et leur mode de vie. Il s’attache beaucoup à eux. Mais à la fin du dixième mois, il décide de rentrer chez lui. Deux géants, Antala et Géol, le rapprochent le plus possible de sa destination, lui permettant ainsi de raccourcir son voyage.

Une dernière surprise attend Archilbad au moment des adieux. Il découvre que ces géants, si différents des hommes, connaissent l’or et semblent savoir à quoi il sert chez les hommes.

Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ? Qu’ils ont déjà rencontré des hommes ou qu’ils sont capables de connaître ce qu’ils ne voient pas ? L’histoire ne répond pas à ces questions, laissant le lecteur face à un mystère de plus.

La fin du voyage et de l’histoire

Dès qu’Archibald rejoint la caravane, la magie s’arrête. La réalité réapparaît. Après d’autres péripéties, le héros finit par arriver chez lui, « exactement deux ans, sept mois, trois semaines et cinq jours » après avoir quitté sa maison. Archibald a vécu une aventure tellement extraordinaire qu’il décide de tout raconter et se met à écrire. Il publie neuf tomes consacrés aux géants, et surtout à ceux qu’il a rencontrés.
Son œuvre rencontre un énorme succès auprès du public, mais pas auprès des scientifiques, qui sont nombreux à l’accuser de mensonges.
Archibald entame ensuite une série de conférences en Angleterre et en Amérique, qui lui permettent d’avoir assez d’argent pour repartir en expédition avec un autre scientifique et un dessinateur.

Mais une terrible découverte attend Archibald à son arrivée. Les géants sont morts ! Le narrateur ne nous dit pas comment cela a pu arriver, mais il sait au fond de lui que tout est sa faute. En effet, c’est lui qui a révélé l’existence des géants, de leurs richesses et de leur lieu de vie.

À son arrivée, de nombreuses personnes se trouvent à côté des corps des géants, essayant de récupérer le plus de choses possibles, pour en tirer profit (se faire de l’argent avec les choses revendues). « On s’affairait autour des corps de mes amis, gigantesques et dérisoires, comme autant de carcasses de baleines échouées. Chacun espérait tirer profit de ces dépouilles auprès de quelques lointains musées. »

Après cette découverte, Archibald décide de tout abandonner pour devenir un simple matelot. Il continue de vivre des aventures, mais ne parle plus jamais du pays des géants.